Se “mettre au zéro déchet” … pourquoi, au fond ?

Je pratique le zéro déchet, dans la belle ville de Poitiers, je fais même des économies.

Voici mon témoignage :

Moche était mon holobionte, moches étaient mes cheveux, moche était ma migraine.

Oui, une vie sobre est riche et sexy.

J’ai gagné un temps précieux.

Je me rappelle en rigolant les heures perdues à éplucher les étiquettes. En général, ma famille finissait par m’appeler, inquiète lorsque j’allais dans un supermarché.

Je me sentais déjà mieux dans l’air de ma maison quand j’ai supprimé les produits de nettoyage il y a dix ans. Je jure que je respire mieux depuis. Dommage co-latéral : je ne supporte plus aucune odeur chimique. Mais curieusement, je n’ai plus de migraines, alors que je passais avant trois jours dans le noir à dégueuler, de façon régulière.

En 2010, on a arrêté le nutella, et on en a fabriqué un bien meilleur. Puis je me suis mise à boycotter ceci, et cela. C’est sûr que c’était bon pour entraîner ma mémoire, mais c’était fastidieux, et le diable se cache derrière un packaging tout mignon parfois.

En 2016 on a décidé que vu notre consommation de yaourts, les fabriquer soi-même, c’était pas plus con. Et puis la lessive aussi. L’économie sur le budget de tout ça est assez agréable.

En 2017, j’ai passé un cran :

Les trucs tout faits et trop sucrés ont disparu de notre vie avec la bedaine de mon mari après la sortie du film “Sugar land“.

Ne plus acheter d’emballages, c’est refuser d’être complice, victime, et bourreau. C’est pas encore parfait, mais la poubelle générale ne contient plus que le contenu de l’aspirateur, que je n’ose pas encore composter. La poubelle de tri est vidée une fois par mois à présent dans les pires moments. Elle contient des fournitures scolaires, et quelques briques de lait, quand on arrive pas à aller en acheter en vrac.

Nous habitons en ville la plupart du temps. Nous n’allons plus au supermarché depuis un an, ou 10 minutes tous les deux mois pour les croquettes du chien.

Je suis toute propre, et ce, sans emballage.

J’ai perdu tout mon surpoids, mes cheveux ne tombent plus par centaines, et je me sens dans une énergie de tigresse.

Savon, shampoing solide, et quelques essais de shampoing maison. Les cosmétiques ??? Alors, non, jamais, merci bien. Et même la crème hydratante maison ne sert pas souvent. Le déodorant, c’est moi qui le fait, et il est plus qu’efficace …. quand je pense à m’en servir. Le dentifrice, c’est moi qui le fait, et il m’a débarrassé d’une gingivite qui me suivait depuis 20 ans.

Le temps que ça prend ?

Ben, poser des légumineuses dans l’eau, ça prend deux secondes, mélanger deux trucs pour en faire un troisième, environ trois minutes, faire des yaourts, houlala, bien 1 minute 30.

Mon budget ? Je raque beaucoup beaucoup moins. Je faisais péniblement le plein deux fois par semaine avec plus de 200 euros pour cinq. C’était dur. Aujourd’hui il me faut 80 euros par semaine, et environ 100 euros de vrac nouilles-graines-riz-bicarbonate et compagnie, pour 2 mois. Et parfois de petits raccords de dix euros. Je crois que j’ai gagné, et on est toujours 5, plus les nanas des garçons.

Certains produits sont plus chers, c’est un fait, c’est largement contrebalancé par les économies faites sur les achats d’occasion (vêtements, objets, reconditionnement …), les produits ménagers, et les produits d’hygiène réalisés dans ma cuisine.

Ce que j’ai gagné surtout, c’est un réseau.

Acheter local active le réseau, le nourrit, et l’enrichit. On est bien plus disponible, plus agréable, quand on fait le marché, quand on discute avec ceux qui ont eu le courage d’ouvrir des magasins de vrac, de produits locaux, de monter une amap.

J’ai gagné de l’énergie, et la sensation de jouer à un jeu.

Et ne pas oublier le plus important : un bon objectif pour les vacances : le stage de permaculture, qui vous sauvera de tout ce qui est moche, et vous montrera tout ce et ceux qui sont beaux.

J’allie boycott, santé, plaisir, fierté, temps à transmettre à mes enfants, écologie et liberté.

Et je me sens hyper sexy.

Le problème ne vient pas de nous. Oui, chaque geste est politique. Faire ses courses est politique. C’est un pouvoir de pression qui nous reste. Il demande de l’organisation, des investigations, de l’énergie, et des sachets en toile pour faire ses courses.

Si tu veux te faire du mal, renseigne toi sur l’industrie du papier, mais accroche-toi, c’est dur de trouver une vraie info, en attendant, pas la peine de se rassurer en faisant confiance aux logos. Oui, AB, tu oublies aussi : au début, une bande de copains font les choses comme il faut, à présent, l’un d’entre eux a racheté toutes les parts … aujourd’hui il joue au golf avec des gens qui ont le bras long, oui, je sais, j’ai eu mal aussi en lisant un numéro spécial écologie du canard enchaîné dans les toilettes sèches de ma belle sœur.

Faire pas à pas, à son rythme, sans culpabiliser est nécessaire. La famille est parfois dubitative.

La bonne nouvelle, c’est qu’à force, le chocolat industriel vous fait faire la grimace, les tomates calibrées vous font pitié. On a même plus un regard pour ces choses emprisonnées dans du plastique.

Vos enfants non plus. Si, je le promets . Et ils apprennent les recettes bien plus vite, en inventent et en cherchent.

J’ai clairement énoncé les nouvelles règles au sein de la maison : pas de produits emballé chez nous. Pour autant, chaque enfant a eu le droit de faire ce qu’il voulait avec son argent de poche.

Mon fils le plus réfractaire a trouvé la recette la plus simple de toute la maison pour fabriquer son déodorant. C’est aussi lui qui a compris que deux pommes était plus avantageuses pour le goûter qu’un paquet de cookies en regardant le prix au kilo. Même lui réalise une économie sur son argent de poche.

Rester humble et discret, mais déterminé pour tenir sur le long terme :

On peut offrir des produits fait maison à Noël, mais pas la peine de tomber dans l’excès. Si on voit que ça ne plaît pas, il serait contre productif d’insister.

Pas la peine non plus de partir en croisade. Il faut avoir les bon arguments au bon moment pour garder sa solide stature, gagner en crédibilité. Pas question de laisser passer des énormité, inutile de mordre.

Et, surtout, il faut également une bonne capacité d’écoute. Je me rappelle cette copine qui me regardait avec pitié, et m’expliquait qu’elle, elle n’avait pas le temps de faire ça, sous entendu, tes trucs de mémères oisives, tu peux te les carrer.

À présent, elle publie ses mes nos recettes sur ses réseaux sociaux. Je me suis bien gardée d’insister, à l’époque de la prise en pitié, j’ai juste répondu que je comprenais (ah, oui, bien sûr, tu es déjà bien occupée), expliqué comment je m’y prenais (ah mais c’est que j’ai de la cendre sous la main pour faire de la lessive. Oui, je savais qu’elle avait une cheminée.), le temps qu’il me fallait (ah oui, tiens, bien sûr, c’est vrai, ça m’a pris quand même cinq minutes. Tu as raison, cinq minutes par ci, trois par là) . Bref, ne pas hésiter à être complètement hypocrite. Ça aide à ronger son frein tout en ayant le sentiment de gagner la bataille par le foutage de gueule.

Ce n’est pas nous le problème.

Ce n’est pas nous qui détournons de l’eau pour la mettre en prison et la gorger de phtalates.

Nous sommes souvent victimes de greenwaching. Le pire exemple étant le plastique recyclé, avec une spéciale dédicace pour le bio-fragmentable (qui se fragmente et ne peut donc plus être ramassé), et, pire du pire number one : les “sacs “compostables, dont la lecture de la composition me fait hurler le cœur, et qui sera mon prochain procès quand celui sur le glyphosate aura eu lieu.

Se demander de quoi on a vraiment besoin est le début d’une nouvelle vie. Quand je suis tentée par quelque chose, je me demande ce que je vais en faire, j’imagine ma vie avec cet objet. En général, je considère rapidement qu’il va m’encombrer, générer de la poussière, bouffer de la place.

Pour la bouffe c’est pareil. Et ça ne rate jamais : à chaque fois que j’ai cédé à la “facilité” d’un plat tout fait, j’ai été malade. Le secret : préparer plus de gratin/tarte/sauterelles grillées/plat inavouable … et en mettre de côté AVANT de les servir.

Alors, restons sereins, allons pas à pas, inspirons-nous les uns des autres. Et tissons des liens.

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