Je voudrais bien me faire vacciner. J’aime bien les vaccins.

Par exemple, quand je me pique à une ronce, j’envoie quelques mots de gratitude au vaccin contre le tétanos. J’avoue avoir une peur déraisonnable d’ailleurs de cette maladie qui fait mourir dans d’atroces souffrances.

De même, la perspective de me noyer dans mes miasmes ne me réjouis pas du tout. Ou, pire, l’idée de filer le virus sans avoir de symptômes à quelqu’un, au risque qu’il meure me hante dès le matin.

En plus, même Irène Frachon a été envoyée sur France Info pour s’adresser aux retardataires, et les convaincre de bouger vers le centre de vaccination le plus proche. J’avoue une confiance candide envers certaines recettes de vaccin.

Mais alors, qu’est-ce que j’attends pour me faire vacciner ? C’est très simple : j’attends qu’on déclare l’urgence climatique.

Je déteste entendre les gens dire qu’ils préfèrent leur chien aux humains, mais je sais devoir bien plus de loyauté à la terre qui me porte qu’à mes congénères. Je sais aussi que mes congénères ne survivront pas aux conséquences de leurs atermoiements. Le fait est que plus personne ne parle du lien de corrélation entre la covid et le dérèglement climatique, que personne ne parle du rapport du GIEC, que le gouvernement ignore même l’avis du conseil d’État, à propos de l’affaire du siècle. Et ce serait moi l’irresponsable ? Soit.

Je vais donc me priver de culture, de rencontres, de repas les pieds sous la table, et certainement bientôt de travail. Pour ma punition, je vais supporter les jugements, les soupirs, les regards de connivences, qu’on me traite de complotiste. Qu’on soit vacciné, ou qu’on ne veuille pas le faire, on m’en voudra.

De toute façon, on adore en ce moment nous diviser.

Je me ferai vacciner le jour où :

on aura restauré des milliers d’hectares de forêts dans chaque pays, la glace aura repris du Kilimandjaro jusqu’aux fins fonds des bords des pôles, on arrêtera de recouvrir la terre de macadam, on entendra en ville plus d’oiseaux que de voitures, sur chaque place, on aura libéré la terre et planté des arbres fruitiers.

Le permafrost fond, et des milliers de petits organismes attendent patiemment d’en sortir. Le notre, d’organisme ne va pas aimer. D’autant moins qu’on l’a appauvri. Alors, combien de vaccins ? Combien d’heures de confinement à venir ? Combien d’êtres abîmés par la solitude, l’ennui ? Combien de morts, de vies en suspens, combien de virus ?

J’ai vraiment hâte de me faire vacciner.

en attendant, je chante avec les oiseaux

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