Le compost en permaculture est parfois controversé, souvent nécessaire pour redonner la vie. Il y a différents composts. Il y a également diverses utilisations. Dont certaines peuvent paraître surprenantes. Recettes, précautions, j’essaie de tout vous dire sans vous assommer.

Commençons par les erreurs à éviter :

L’odeur du compost (comme ça, c’est fait, c’est dit, c’est réglé.)

Non, le compost ne doit pas puer. Si votre compost pue, c’est qu’il est maltraité, et la planète avec. S’il sent autre chose que la forêt, c’est qu’il manque d’aération ou/et de carbone. (Voir comment composter en dessous.)

Donc : une odeur de pipi, vomi, intestins en souffrance, chien, phoque, acétone, c’est pas normal. Première action : l’aérer avec la fourche. Seconde urgence : ajouter des matières carbonées.

Des rats dans le compost : non, non et non. Des mouches à fruits ? Non plus.

On ne laisse PAS des rats habiter dedans. Ce n’est sympa ni pour eux, ni pour vous, ni pour les légumes. Quelques maladies plus ou moins atroces se transmettent par leurs urines, par exemple.

De toute manière, s’ils sont présents, c’est que vos apports doivent être plus aérés :

  • une couche de vert, bien étalée,
  • un couche de brun, bien répartie,
  • on brasse bien, deux fois par semaine, et plus s’il y a des rats.

De même, alertez- vous si vous prenez une volée de moucherons à chaque ouverture. Dans ce cas, mettez plus de matières carbonées, et couvrez le compost avec de la paille, du carton, ou des feuilles mortes. (Pas la pelouse, par pitié.)

Que NE PAS composter :

  • la pelouse fraîche, qu’on fera sécher d’abord. Un vrai cauchemar pour les composts de quartier. Elle va créer un méthane immonde, une odeur déplaisante. C’est tout ce qu’on veut pas.
  • Les cacas de chiens et chats. Jamais. Si vous avez des toilettes sèches, vous pouvez toujours mettre ça dedans. Mais bon, je le ferai pas. De même, on ne laisse pas Kiki se soulager dans le potager.
  • Les feuilles de rhubarbe qui feront un purin bien toxique contre les limaces. Attention, c’est toxique aussi pour vous.
  • La datura et autres plantes empoisonnées. Vous ne pouvez pas les brûler non plus. Et c’est pas marrant. Il faudrait faire un compost thermophile, mais pour ça, il vaut mieux suivre une formation. Par défaut, les déposer au sol, dans un endroit où on ne va pas, et favoriser la vie des champignons dans cette zone me semble un bon moyen de s’en tirer vivant.

Pourquoi composter ?

D’abord, parce que la mort porte le vie. elle lui fait de la place et la nourrit. Dans la nature, il n’y a pas de pertes. Il y a des cycles.

Parce qu’on ne peut sans cesse creuser la terre sans jamais rien lui rendre. Vous devriez rendre soixante pour cent de votre consommation à la terre. Le compost n’est qu’un début.

Pourquoi un arbre met-il tant d’énergie à produire des fruits ? Vous allez me dire : pour se reproduire. Oui, un peu. Mais c’est surtout pour se donner à manger à lui-même.

Bon. Voilà. Le compost est un très bon moyen de réensemencer un sol mort, faible, malade.

Il vous fera économiser un tiers de vos sacs poubelles.

Comment composter ?

La règle d’or : Respectez bien les équilibres.

  • Le rapport carbone/azote : au moins un tiers de vos apports sera constitué de matières carbonées En gros, quand on lui donne des fruits et légumes, on compense (bois, carton, fibres…).
  • Vous devrez aussi vérifier l’humidité : trop fait dégénérer le compost en tas puant, pas assez le tue à petit feu, et empêche le processus. Pressez un peu de compost. S’il goutte c’est bon. Par contre, s’il produit plus qu’une jolie goutte, ça va pas : ajoutez du carbone. S’il reste muet, ajoutez de l’eau, de préférence de pluie.
  • L’aération. Rien de pire qu’un compost qui étouffe. Il a besoin d’être aéré, par l’action d’une bêche. Il faudra également le retourner entièrement en phase de maturation. Par exemple : on ne pose pas son sachet kraft rempli, paf, comme ça. On le vide le sac. Et on étale.

Dans quoi composter ? Plein de solutions, à adapter à ses habitudes.

  • Compost personnel, familial : dans une boite ou déposé en dôme au sol, et recouvert de paille. Il doit être en contact avec le sol.
  • Lombricompost, ou compost de salon (n’accepte pas les alliacées.) Nécessite une présence, même pendant les vacances. On ne laisse pas crever ses copains. Nécessite de maintenir une température agréable, pour les vers, et un robinet, pour éviter de les noyer. Enfin, bref, on en reparlera, mais on se documente.
  • Compost de quartier, qui permet en plus, de se lier aux habitants de son quartier.
  • Dépôt des épluchures à même les plates bandes. Peu esthétique, mais très efficace pour générer une belle vie au sol. Cette technique permet de redonner tous les nutriments au sol.
  • Dans des pots troués, répartis dans les plates bandes du jardin, ou de la serre. On creuse un petit trou, on y pose un pot en terre cuite, avec un couvercle (n’importe quoi qui protège les vers. De la paille, une soucoupe …). On y dépose les épluchures, et en échange, on a de la terre.
  • Toilettes sèches : obligatoire. Optons tant que possible pour l’humicompost. Dans certaines villes, des entreprises viennent chercher vos déjections. L’eau n’est absolument pas en capacité de recycler vos pipis et cacas. Quand vous urinez dans l’eau, elle ne sait pas comment réagir, et produit de l’ammoniaque. C’est le sol, qui sait avaler votre urée. Il faudra juste attendre deux ans avant de l’utiliser en toute sécurité. Votre compagnon doit être bien carboné, bien aéré. Il appréciera un peu de litière de forêt. L’urine fraîche diluée à 10/100 est un très bon engrais, et rééquilibre les composts trop forts en carbone.

Que composter ?

  • Tout ce qui se mange,
  • toutes les fibres naturelles,
  • cheveux, poils,
  • papiers(pas le papier glacé), cartons,
  • même les agrumes, oui, même les agrumes.
  • le café, il adore, mais on peut aussi le déposer directement au pied des plantes fragiles.
  • le thé, la tisane, …
  • La paille des animaux herbivores,
  • les feuilles mortes ou pas.
  • Les peines. Et là, je ne rigole pas. C’est l’endroit idéal pour résoudre les deuils. Le plus souvent, quand on le retourne, les oiseaux arrivent, et vous mettent du baume au cœur. On pense à ce qui nous défrise en déposant des offrandes au compost. C’est le moment d’aller chercher des épices : lichens, mousses, plumes, os, boue de ruisseau … ça lui fera plaisir, et ça vous concentrera sur un truc positif.
  • les gens. On appelle ça l’humisation. On a du boulot pour faire accepter ça, et pourtant, c’est urgent. Pour se renseigner, on peut aller voir par là.

Que faire de son compost ?

Après trois mois, il devrait être mure. Il doit l’être, sinon, vous risquez de brûler vos plantes.

Si les courges poussent les pieds dans le pourri, les tomates auront besoin de légèreté.

Il sera idéal en début de printemps, sur vos plates bandes, gazon, … mais pas au pied des arbres. Globalement, foutez la paix aux arbres.

Il peut créer une faim d’azote. Vos plantes auront tendance à jaunir et stagner. Dans ce cas : diluez votre urine, et arrosez.

Parfois, vous voyez que vos plantes ont faim. Molles, chétives, malades, infestées. Si votre compost n’est pas encore mature : diluez une poignée de compost par litre d’eau de pluie, et arrosez avec.

Pour en savoir beaucoup sur la vie du sol, sans se faire mal à la tête :

Des tas d’organismes, la micro-faune, des bactéries, des champignons vont venir à le rescousse. Il sont parfois visibles à la loupe de botaniste. Apprenez à les aimer, il vous le rendront au centuple.

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en plus, c’est simplement expliqué.

En plus :

Avec qui composter ?

Avec les voisins, avec un asso, avec les enfants, avec soi-même. À Poitiers, nous avons un magnifique partenariat Mairie-Compost’age-habitants. Récupérer les “déchets” des voisins, c’est permacole. Par contre, on ne dit pas déchet, en fait. Un déchet est un truc dont on ne sait plus quoi faire.

À priori, dans quelques années, nous devrons tous composter nos déchets verts. Jamais trop tard pour bien faire.

Acheter un compost ?

NON.

Fabriquez en un, ou même compostez en andain. Pas de plastique en tout cas.

Est-ce que je peux utiliser un compost si je suis végan ou antispéciste ?

Clairement pas. Si vous êtes dans ce cas, vous devez arroser vos épluchures avec du formol, sans quoi, moultes micro-organismes vont travailler pour vous.

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